Sens
Au-delà du désir de rester en vie, au-delà de la recherche des plaisirs, en dépit de la contingence de son apparence, lorsque la vie ne suffit pas, le moi intérieur conduit à rencontrer pleinement La vie, à la recherche d’un sentiment de bien vivre. Sans doute l’aspiration la mieux partagée, comme une soif d’essentiel, dans un refus de céder à l’aberration d’une vie mécanique désertée par l’esprit. Mais, se façonner un destin à sa mesure exige de soi lucidité… et humilité, dans un ressenti de vertige face à notre propre historicité.
“Nous trouvons que, pour un être conscient, exister consiste à changer, changer à se mûrir, se mûrir à se créer indéfiniment soi-même.” Henri Bergson, L’Évolution créatrice, chap. 1.
Donner du sens a t’il un sens ? Se demander si l’on peut donner un sens à l’existence, serait déjà présupposer le fait que l’existence n’en délivre pas un d’elle-même. C’est de ce non-sens que naît la raison requise quand toute chose nous apparaît incohérente sans justification. S’interroger sur le sens du sens insulte la raison en osant supposer que le sens même puisse ne pas avoir de sens, c’est admettre que l’arbitraire puisse régner, jusqu’à considérer que le sens des mots lui-même est gratuit. Bien au contraire, charger de sens, oblige à construire, en en payant le prix. Celui de l’authenticité qui implique de rendre compte de soi-même, celui de la patience dans la persévérance, celui de l’effort de cohérence dans cet univers abstrait de l’intelligence :
“Une connaissance est ou obscure, ou claire ; une connaissance claire est ou confuse ou distincte ; une connaissance distincte, inadéquate ou adéquate ; et, en outre, ou symbolique, ou intuitive ; et celle qui est à la fois adéquate et intuitive est tout à fait parfaite.” LEIBNIZ (1646-1716), « Méditations sur la connaissance, la vérité et les idées », 1684.